Son nom est requin du Groenland ou Laimargue du Groenland (Somniosus microcephalus).
A ce stade de l'article, vous connaissez déjà sa zone de répartition, et donc sa capacité à vivre dans les eaux froides. Sachez que ce grand gaillard a encore plein de secrets pour vous même s'il donne l'impression de se dévoiler à peine son nom donné.
Zone de répartition
Nous n'allons pas tenter de vous faire avaler des couleuvres en le situant dans des eaux tropicales, allez, soyons un peu sérieux :
On peut le croiser majoritairement dans l'hémisphère boréal, c'est à dire les océans Arctique et Pacifique au delà de 30° de latitude nord.
On me dit dans l'oreillette que nous avons un scoop, Eh oui ! On ne le trouve pas uniquement dans l'hémisphère nord, le petit (enfin, grand) cachotier !
En effet, plusieurs spécimens furent répertoriés dans l'hémisphère sud :
- Un au large de la côte sud-ouest de l'Afrique du Sud en 1963
- Un au sud de la Nouvelle-Zélande en 1916
- Plusieurs ont été capturés aux Kerguelen et peut-être en Amérique Latine au delà de 30° Sud.
Ah, finalement il y a peut être des choses intéressantes à savoir sur cette espèce !
On continue ?
Fiche d'identité
Vous vous doutez bien que les "Laugar" ne sont pas leurs trucs (oui j'en profite pour faire un peu de culture linguistique sur leurs zones de répartition... Ce joli mot signifie simplement bain chaud en islandais)
Nous pouvons les croiser dans des eaux comprises entre 1° et 12° de la surface jusqu'à 2000 m de profondeur selon la latitude.
Bon, d'accord, ce n'est pas sensationnel comme information.
Si j'ajoute que c'est l'un des plus gros requins carnivores de la planète avec le requin blanc mais aussi l'un des plus gros poissons de l'Arctique.
Des chiffres ? Mais bien sûr, je suis ravi que vous me les demandiez !
Sa longueur généralement observée est de 2,5 m à 4,5 m. Le record étant un spécimen de 7,5 m pour un poids de 3000 kg ! Il fut capturé en 1924 au large de l'Islande et débarqué à Ostende (voir ci-dessous).
Le requin d'Ostende, une sacrée prise !
Non content d'être sur le podium pour ses dimensions, il serait le seul représentant des requins dans les eaux polaires du nord de l'Atlantique... Je crois qu'il a besoin d'attention ce bonhomme.
Ah, j'allais oublier, il détient un autre record, et pas des moindres !
C'est le vertébré à la longévité la plus importante connue à ce jour (près de 400 ans).
Whaaaaaa finalement, il serait peut être intéressant de passer la soirée avec lui pour en apprendre encore plus ! Mais qu'est ce que je raconte moi, c'est un requin... Hum reprenons.
Reproduction et alimentation
Rien de remarquable sur la reproduction ?
La femelle donne vie à au moins 10 petits de 90 cm pour chaque portée. Oui MAIS, la maturité sexuelle de ces requins serait atteinte à l'âge canonique de 150 ans... Si vous croisez une jeune laimargue, vos arrières-arrières-petits enfants verrons peut-être sa première portée un jour...
Côté nourriture
Ce requin est lent, extrêmement lent ! En tous les domaines y compris le déplacement. Avec une vitesse de croisière de 0,34 m/seconde (1,224 km/h), il arrive à attraper des proies à priori beaucoup plus rapides.
Il se nourrirait notamment de phoques qu'il trouve endormis sur son chemin ! Qu'elle idée aussi de faire une sieste à 500 m de profondeur...
Gros poissons, calmars, belugas, charognes diverses... Son menu est plutôt varié. Pour attraper les espèces plus rapides ne faisant pas un petit roupillon, il absorberait une grande quantité d'eau pour aspirer sa proie plutôt que de se projeter vers elle. Pas bête l'animal ! Mais quel fainéant !
Évolution des effectifs
Comme la plupart des requins ils sont pêchés à la ligne à main, au harpon et au filet principalement par les peuples nordiques.
Si pour je ne sais quelle raison, vous souhaitez sauter à l'eau et croquer une laimargue du Groeland (bon, il ne faut pas être frileux et avoir des idées étranges... certes) sachez que c'est le seul requin dont la chair est toujours toxique à l'état frais !
Vous pouvez toujours tenter une recette de nos amis Islandais où ils consomment la chair après pourrissement dans le sol puis dessiccation pendant plusieurs mois à l'air, ou encore salée et bouillie... Sinon faites comme moi et contentez-vous d'un steak haché...
Évolution des attaques dans le temps
Quelqu'un à entendu dire qu'un homme aurait rapporté dans un bar qu'il a croisé un peuple inuit qui connaissait un pêcheur à qui on aurait rapporté une attaque de requin du Groenland sur un pêcheur Inuit navigant en kayak. Vous comprendrez que l'information semble un peu difficile à vérifier mais il parait que... alors on le dis hein, pas de cachotteries.
Et pourtant ses dents sont dignes des plus grands poissons carnivores (voir ci-dessous).
Pourrait-il être le monstre du Loch Ness ?
Jeremy Wade avance dans une de ses émissions River Monster que ce requin pourrait être à l'origine de certaines observations du monstre dans le Loch Ness.
Le Loch Ness, refuge de Nessie ? (copyright : Damien R.)
Cette théorie est à mon sens intéressante car :
- L'aire de répartition correspond.
- La nageoire dorsale n'a pas la forme triangulaire que l'on s'attend à voir sur un requin, s'il effleurait la surface nous verrions une sorte de bosse.
- On sait que certains requins comme le requin bouledogue sont capables de gérer leurs réserves de sel pour remonter en eau douce et que beaucoup se baladent en eau saumâtre.
- Il n'est pas inconcevable que cette espèce tolère l'eau douce un moment. Elle doit connaître de forte variation de teneur en sel dans son environnement lors de la fonte des glaces ?
- Les saumons remontent dans le loch par le canal débouchant au nord de l'Ecosse. Bien que les laimargues du Groenland ne semblent pas de grands chasseurs, il se peut qu'un individu ai été attiré par la présence de proies abondantes à certaines périodes. Ensuite, soit il est resté coincé et n'a pas survécu auquel cas sa dépouille a coulé comme c'est le cas la plupart du temps avec les poissons cartilagineux, soit il est reparti en mer. Ca expliquerait la très faible fréquence d'observations et la longévité du mythe.
La réponse d'Armand Le Biar :
Cette "théorie" a juste l'avantage d'être rationnelle. Elle est aussi invraisemblable que celle du plésiosaure et bien d'autres. Les partisans de Nessie pourraient objecter, avec raison, que ce candidat-requin ne corresponds aucunement aux descriptions de l'hôte du Loch.
On essaye de plaquer une solution acceptable à la résurgence commerciale dans les années trente d'un folklore calédonien totalement oublié et réadapté aux "besoins" de l'époque. A tel point que pendant des siècles il n'y avait plus de Nessie que de beurre en boîte dans ce lac. C'est du néo-évhémérisme : vouloir rationaliser à tout prix un mythe.
On peut voir Nessy dans les environs de Drumnadrochit (copyright : Damien R.)
L'avis de Philippe Mind :
Le whisky n'explique pas tout contrairement à ce que certains aimeraient nous faire croire.
Le 16 septembre 2016, Ian Bremner, un photographe amateur de 58 ans, a photographié ce qui s'avérait être trois phoques à moustaches dans le Loch Ness.
Evidemment, un nombre croissant d'amateurs ou de passionnés du légendaire Nessie, ont vu un monstre sur cette photographie (voir ci -dessous) ...
La photographie de Ian Bremner, troublante mais trompeuse !
Ce qui en ressort, selon moi, est que la créature du Loch peut être tout et n'importe quoi ! Au fil des décennies, nombre de spécialistes et d'amateurs ont tenté en vain de tuer Nessie en niant sa probable existence.
Ce qu'on sait avec certitude, c'est qu'au VIème siècle, Saint Colomba, un moine irlandais, aurait sauvé un de ses disciples du monstre. Cela reste mythologique mais cela a le mérite de lancer un besoin conscient ou non de chercher des réponses à la question : "Y-a-t-il quelque chose dans le lac ?"
L'Homme aimerait mettre un nom sur l'espèce connue ou inconnue qui hante le Loch, mais interprète peut-être mal ce qu'il voit : des phénomènes climatiques en surface, des animaux barbotant, ou des objets inertes flottant, peuvent-ils être Nessie ? Ma réponse, qui n'engage que moi, mais qui est partagée par bon nombre de personnes est oui !
Des phénomènes climatiques nombreux au dessus des Lochs (ici le Loch Lomond) (copyright : Damien R.)
Alors si Nessie peut être en réalité un laimargue pourquoi pas. Tant qu'on aura pas la preuve du contraire, l'hypothèse me semble des plus probables.
Conclusion
Auteur de nombreux records, pouvant endosser le rôle de monstre, ce requin devrait réserver encore pas mal de surprises !
Le moins que l'on puisse dire c'est que ce requin ne laisse pas de glace !
Damien R., Armand Le Biar, Philippe Mind
Sources : www.wwf.ca, Sciences et Avenir, River Monsters (saison 5 episode 6), Tous les requins du monde de Géry Van Grevelynghe - Alain Diringer et Bernard Séret, MaxiSciences, wikipedia.fr, Metro.co.uk, Les requins de Bernard Séret et Julien Solé
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Le requin du Groenland, champion du monde en matière de longévité
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