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Spinosaurus : Le plus grand des carnivores terrestres ?

 

Le Spinosaure commence à être connu à plus d’un titre. Tout d’abord, il est plus ancien que le Tyrannosaurus rex, ensuite il était de plus grande taille sans doute le plus gigantesque des prédateurs terrestres, toutes catégories confondues, avec ses 18 mètres de long !

Sa tête ressemblait à celle d’un crocodile, avec en plus une crête nasale. Mais ce qui le distinguait avant tout, c’était l’hypertrophie des épines neurales, formant une sorte de "voile dorsale"...

Mine de rien, cette grande bête était un prédateur redouté. Elle se nourrissait surtout de poissons, mais aussi d’autres petits dinosaures, et vivait en Afrique du Nord, voici cent millions d’années environ.

Mais bien sûr son apanage principal était la haute crête dorsale qui lui donnait des faux airs de gros dinosaure tranquille…

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Représentation d'un spinosaurus à voile dorsale (Wikipédia.fr)

Dans les reconstitutions, il est représenté comme bipède, ce qui paraît le plus vraisemblable. Néanmoins il est encore impossible de savoir s’il était vraiment bipède, ou s’il était aussi  quadrupède, car les paléontologues n’ont pas retrouvé ses membres antérieurs ou postérieurs, les seuls ossements que l’on connaisse du Spinosaurus sont des éléments du crâne, de la cage thoracique et des vertèbres…

Des dinosaures piscivores ?

Spinosaurus a vécu vers la fin du Crétacé inférieur, entre 98 et 95 millions d’années, en particulier dans ce qui allait devenir le grand désert égyptien.

Curieusement, les connaissances actuelles sur ce grand dinosaure reposent essentiellement sur les résultats d’études du paléontologue allemand Ernst Stromer von Reichenbach. C’est lui qui décrivit Spinosaurus aegyptiacus en 1915, ainsi qu’un peu plus tard le Carcharodontosaurus saharicus, également un énorme carnivore bipède, sans oublier l’herbivore à long cou Aegyptosaurus baharijensis. Ces fossiles furent entreposés au Muséum de Paléontologie de Munich, et détruits lors d’un raid aérien de la RAF en 1944. Heureusement, d’autres restes furent découverts en 1996 au Maroc et décrits sous le nom de Spinosaurus maroccanus, mais toujours pas de membres locomoteurs. Auparavant quelques fragments osseux ou des dents avaient également été retrouvés en Tunisie, en Algérie, ainsi qu’au Niger. Les paléontologues pensent que Spinosaurus passait la plus grande partie de son temps dans l’eau des rivières et des lagunes, un peu comme l’hippopotame actuel. De là à en déduire que ce grand carnivore mangeait du poisson, il n’y avait qu’un pas, vite franchi après étude de sa dentition constituée de nombreuses petites dents rectilignes. D’ailleurs, la tête du Spinosaurus, nous le disions, n’était pas sans rappeler celle d’un crocodile.

De récentes analyses d’isotopes dans les restes fossilisés de spinosaures ont confirmé que les spinosaures étaient des animaux semi-aquatiques qui passaient la majeure partie de leur temps dans l’eau…

Une collaboration internationale entre des chercheurs français, chinois, anglais, thaïlandais, marocains et brésiliens, avec à leur tête le paléontologue français Eric Buffetaut, a permis en 2010 de rassembler des dents de spinosaures provenant de plusieurs continents. Les chercheurs ont ensuite analysé la composition isotopique de l’oxygène présent dans ces dents fossilisées, partant du principe que la composition isotopique de l’oxygène des dents des vertébrés terrestres actuels est différente de celle de leurs contemporains aquatiques (comme les crocodiles ou les hippopotames). De telles différences de composition isotopique résultent en effet de différences d’évaporation trans cutanée et de quantité d’eau ingérée et excrétée entre animaux terrestres et aquatiques.

Considérant que des différences de physiologie similaires pouvaient exister chez les animaux du passé, les chercheurs ont donc comparé, au sein de chaque gisement, la composition isotopique de l’oxygène des restes de spinosaures avec celle de restes d’animaux aquatiques (crocodiles, tortues) et terrestres (autres dinosaures) qui coexistaient avec les spinosaures.

Ils ont ainsi pu observer un écart significatif entre les spinosaures et les autres dinosaures carnivores, mais une similitude avec les crocodiles et tortues aquatiques. Ce constat leur a permis de conclure que les spinosaures étaient adaptés physiologiquement à passer une bonne partie de leur temps dans l’eau comme le font aujourd’hui les hippopotames, alors que leur squelette ne montre pas d’adaptation poussée à un mode de vie aquatique.

Ainsi, du fait de cette adaptation exceptionnelle chez des dinosaures de cette taille à un mode de vie semi-aquatique, les spinosaures exploitaient d’autres ressources naturelles que les autres dinosaures carnivores terrestres, limitant ainsi les compétitions pour la nourriture ou le territoire.

Mais un aussi gros animal pouvait-il survivre avec un régime exclusivement piscivore ? Telle est la question que l’on peut effectivement se poser. Bien sûr, Spinosaurus devait aussi s’en prendre à des ptérosaures, ou à de jeunes dinosaures qui s’aventuraient dans son environnement. Baryonyx, un dinosaure à griffe

Mais d’autres espèces apparentées de la famille des Spinosauridés partageaient le même type de vie. Ainsi Baryonyx, célèbre également par une large griffe au niveau du pouce, possédait aussi un museau long et étroit. Il vivait dans ce qui est aujourd’hui l’Europe atlantique (de l’Angleterre au Portugal), au Crétacé inférieur.

Baryonyx est l’un des rares dinosaures dont on connaît avec précision son régime alimentaire : il était piscivore, au moins partiellement.

Ses dents étaient nombreuses et de forme conique, très légèrement dentelées. De plus, la partie antérieure du museau et de la mâchoire inférieure avait une forme prononcée de spatule, ce qui pouvait l’aider à fouiller dans la vase à la recherche de proies.

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Squelette de baryonix conservé au Musée d'Histoires Naturelles de Londres (Angleterre) (Wikipedia.en)

Mais surtout, on a retrouvé dans la partie stomacale d’un fossile exceptionnellement bien préservé de Baryonyx walkeri, des dents et des écailles de LepidotesL’histoire de la découverte de Baryonyx est également très édifiante. Au mois de janvier 1983, le paléontologue amateur William J. Walker explorait une fosse argileuse, propriété d’une usine de brique à Ockley, non loind de Dorking dans le Surrey, en Angleterre, quand il aperçut une énorme griffe qui dépassait de la terre boueuse. Aidé de plusieurs amis, il dégagea le fossile, ainsi que d’autres ossements à proximité. Ne pouvant identifier lui-même la griffe, il contacta Alan J. Charig et Angela C. Milner, paléontologues au British Museum of Natural History, qui débutèrent des fouilles dès le printemps 1983. L’équipe de chercheurs dégagèrent pas moins de deux tonnes de roches argileuses contenant les ossements de ce dinosaure à griffes qui sera appelé Baryonyx walkeri en l’honneur de son découvreur.

Mais revenons au Spinosaure qui étonnait par son aspect de prédateur très peu ordinaire.

Une certaine notoriété…

En tout cas, Spinosaurus a réussi le tour de force d’évincer le Tyrannosaure de l’affiche du film « Jurassic Park III » ! Car c’est bien lui plutôt sympathique malgré la gueule béante que l’on voit.

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Le spinosaure, star de Jurassic Park 3 en 2001

Le crâne ressemblait à celui d’un crocodile, plus qu’à celui d’un grand théropode comme Allosaurus ou Tyrannosaurus, car il est étiré vers l’avant et son museau est relativement étroit. Cette particularité anatomique permet sans doute de diminuer les forces de frottement dans l’eau et d’accroître la vitesse de tout mouvement vers l’avant pour attraper des poissons.

Les dents n’étaient pas faites pour découper, comme c’est le cas chez les grands carnassiers terrestres, qui n’ont autre fonction que d’arracher des morceaux de chair. Les narines externes sont rétractées vers l’arrière, proches des orbites oculaires, ce qui devait permettre à Spinosaurus de plonger une partie du museau dans l’eau tout en continuant à respirer…

On peut ainsi imaginer le gigantesque Spinosaurus, debout dans l’eau d’une rivière, y plongeant sa tête pour surprendre les poissons !

Une surprenante voile dorsale

C’est ce que l’on appelle en termes scientifiques une « hypertrophie des épines neurales des vertèbres dorsales ».

Selon le paléontologue allemand Stromer, ces "épines" pouvaient atteindre plus de 1,6 m de hauteur, sous-tendant une voile faite de peau. Cependant certains chercheurs pensent que les épines dorsales étaient plutôt le support d’une sorte de grosse bosse graisseuse, un peu comme celle des bisons actuels.

Spinosaurus veut dire "saurien à épines". Sa fameuse voile a pu servir à la thermorégulation. Peut-être était-elle colorée et jouait un rôle dans la reconnaissance des sexes, la parade nuptiale ou tout simplement la reconnaissance entre individus.

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La voile dorsale du spinosaure : Outil pour séduire ? (MaxiSciences)

En tout cas, la voile osseuse devait augmenter considérablement le poids du Spinosaure, estimé à 6 tonnes environ, comparable à celui du Tyrannosaure beaucoup plus massif.

Au même moment que Spinosaurus vivait en Afrique de l’ouest un dinosaure herbivore qui possédait également une grande voile dorsale : Ouranosaurus, c’est à dire "reptile vaillant", décrit en 1976 par le paléontologue français Philippe Taquet. Ce proche parent de l’Iguanodon, un hadrosaure à tête de canard, avait développé la même crête osseuse que Spinosaurus.

Si sa fonction était bien thermorégulatrice, l’animal pouvait lorsqu’il avait chaud, se protéger des rayons solaires et optimiser son exposition au vent pour évacuer l’excès de chaleur du corps. En revanche, quand il avait froid, il exposait sa crête aux rayons solaires pour se réchauffer…

Chez Spinosaurus, si la structure en forme de voile contenait des vaisseaux sanguins en abondance, il pouvait utiliser cette grande surface pour absorber la chaleur, ce qui impliquerait que l’animal était plutôt ectotherme(à sang froid), à la différence d’autres théropodes comme T. rex... Il est possible aussi que la crête du spinosaure servait surtout à évacuer l’excès de chaleur, plutôt qu’à l’emmagasiner. En effet, les gros animaux, à cause la faible surface en proportion en proportion de leur corps par rapport au volume, ont beaucoup plus de problèmes pour perdre l’excès de chaleur produit par le corps, quand il fait très chaud. La voile dorsale de Spinosaurus permettait ainsi d’ajouter beaucoup de surface au corps, sans trop augmenter le poids, et surtout sans augmenter le volume.

La voile pouvait être utilisée aussi pour effrayer les ennemis ce qui serait quand même étonnant dans le cas de Spinosaurus rendant l’animal plus grand qu’il ne l’était réellement…

Faut-il alors imaginer un super-prédateur des spinosaures qui vivait au même moment dans les mêmes régions ?

C’est en tout cas l’énigme qui se pose désormais à la science.

François de Sarre

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