Les dragons : Origine et tentative d’interprétation

Les dragons : Origine et tentative d’interprétation

 

Bonjour je précède une vidéo qui paraitra dans plusieurs jours pour faire partager aux absents du Repas Ufologique de Metz l'exposé qu'Olivier de Sedona m'a gentiment demandé de proposer le samedi 26 janvier 2013.

Je remercie encore les membres de ce repas et Christian Comtesse.

Par soucis de précisions à apporter aux gens présents je mets l'article en ligne.

Vous pourrez suivre le lien pour la page suivante en bas de page.

Les dragons : Introduction

Aujourd’hui encore, des millions de personnes avouent être prêtes à croire en l’existence de dragons !

Vous allez me dire : Les dragons ça n’existe pas et peut-être avez-vous raison !

Mais prenons un peu de recul et revenons quelques siècles en arrière quand l’Homme découvrait le monde qui l’entourait et où les légendes et les paroles étaient le seul moyen de communiquer bien loin du monde qu’on connait aujourd’hui où une nouvelle fait le tour du monde en quelques minutes et l’on peut se documenter sur tout en quelques clics.

Des histoires de dragons il en existe sur tous les continents de partout qu’on les appelle dragon, hydre, basilic, Lindworm on s’aperçoit qu’ils ont tous un point commun l’aspect reptilien.

Genèse du dragon

Aujourd’hui on ne sait pas réellement de quand date les dragons mais on pense tout de même que leur apparition dans l’imaginaire collectif date des toutes premières civilisations.

La plus ancienne représentation connue est vieille d’environ 6000 ans.

Dans l'une des tombes (la tombe M45), le corps d'un homme de grande taille était entouré de deux mosaïques formées de coquillages blancs fixés dans le sol. Un tigre à sa droite et un Dragon chinois à sa gauche.

tombe-m45-de-xishuipo-chine.jpgReprésentation de la tombe M45 située sur le site néolithique dans le Puyang, Henan, en Chine

Le dragon occidental classique est une féroce créature reptilienne, au corps recouvert d’une impénétrable armure d’écailles scintillantes et crachant des flammes. Il a quatre membres puissants, dotés de serres acérées, une longue queue terminée par un dard en forme de flèche et, parfois une paire d’ailes immenses, semblables à celles d’une chauve-souris.

vittore-carpaccio-saint-georges-terrassant-le-dragon.jpgSaint Georges terrassant le dragon (Vittore Carpaccio)

D’ailleurs n’est-ce pas un serpent qui proposa à Eve le fruit défendue et nous fit perdre la vie éternelle selon La Bible ?

La créature n’a pas le même statut partout si en Asie on le vénère, en Europe on le combat.

En Europe, les dragons sont des créatures sanguinaires arborant des ailes de cuir qui attaquent sans raison.

Au Japon c’est un honneur de naître l’année du Dragon, il est le symbole de sagesse et on ne le contrarie pas de peur de subir sa vengeance :

« En Asie du Sud-Est il est une créature composite qui s’inspire d’un dieu en forme de serpent *, et d’autres traits qui se sont ajoutés au fil des temps »

* Le légendaire dieu serpent Nâga ou également appelé Paya Nak est une légende d’Asie du Sud Est de nombreuses légendes associent les nâgas aux fleuves et rivières. Selon les croyances populaires les lits des fleuves et les rivières auraient été en fait creusés par de gigantesques serpents qui auraient ondulé en descendant les montagnes du Laos.

naga-2.jpgSculpture du Dieu serpent Naga également appelé Paya Nak

En Amérique du Nord, les natifs indiens parlent de dragons, au sud du continent il s’appelle le Quetzalcoatl (Dieu serpent à plumes), ce monstre s’inspire le quetzal (un oiseau au plumage très coloré originaire d’Amérique du Sud).

comparatif-entre-le-quetzal-et-le-quetzalcoatl.jpgA gauche on peut voir un Quetzal et à droite une sculpture du Quetzacoatl

Pour les grecs et égyptiens de l’antiquité, le dragon semble être un crocodile, nous en reparlons plus loin.

Dragons et religions

Nous l’avons vu les dragons sont des êtres maléfiques qui tuent sans aucune raison de pauvres innocents mais pourquoi alors les trouve-t-on sur nombre de nos bâtiments religieux ?

Etymologie du terme Graouilly

Le nom de Graouilly provient de l'allemand "gräulich" littéralement "monstrueux, repoussant, puant, effrayant" et la liste est longue. Tout cela pour vous dire que ce ne sont pas des termes très valorisants qui le désignent. Ce terme germanique s'est décliné en plusieurs prononciations et déclinaisons : on peut ainsi lire Graoully, Graouli, Graouilly, Graouilli, et Graully ... mais il s'agit toujours de la même créature.

Pour un messin entendre parler du Graouilli va de soi, mais connait-on tous la même histoire car la version évolue …

A la fin du III ème siècle après Jésus Christ, Saint Clément arrive dans une ville du nom de Divodurum Mediomatricorum (Aujourd'hui Metz), ce dernier a été envoyé par Saint Pierre pour prêcher l'Evangile, on sait que le Christianisme s’est développé assez tard en Lorraine et qu'il progressa très lentement.

Saint Clément de Metz (c'est ainsi qu'on le surnommera dans le futur) est un saint dont la vie semble entourée de légendes car on raconte à son sujet des choses qui paraissent vraiment incroyable. Sur les hauteurs qui dominent Ancy, à la Croix Saint-Clément, une pierre porterait l'empreinte des genoux du saint qui s'agenouilla en découvrant le vaste paysage de la ville qu'il venait évangéliser.

Le saint arrive devant le grand amphithéâtre de Metz.

L’amphithéâtre de Metz, dit « le grand amphithéâtre », est construit par les romains entre la fin du Ier siècle et la première moitié du IIe siècle dans ce qui est aujourd’hui le quartier du Sablon de Metz : Pouvant accueillir 25 000 personnes c’était le plus grand amphithéâtre édifié en Gaule romaine et l’un des dix plus grands amphithéâtres construits par les Romains.

Mais au III ème siècle plus personne n’y met les pieds car le lieu est devenu dangereux …

amphitheatre-de-metz.jpgA gauche de cette maquette on peut l'amphithéâtre de Metz au 3 ème siècle

Dans la première version de la légende il semble que le lieu soit occupé par des serpents qui empoisonnent l'air avec leurs souffles venimeux. Après avoir communié et dit la messe, il fait un signe de croix et soumet les reptiles. A l'aide de son étole (Son écharpe d'évêque) il lie le plus gros serpent et l'emmène sur les bords de la Seille, puis lui ordonne ainsi qu'à ses congénères de quitter le pays.

Cette version provient des écrits de Paul Diacre dans "Gesta episcoporum mettensium" rédigés en 783 environ.

La légende au fil des siècles évolue et entre le XI ème et le XVI ème siècle les créatures changent de visages : ce ne sont plus des serpents, elles deviennent des dragons assoiffés de sang et envoyés par Dieu sur Terre pour punir les Messins de leurs fautes, débauches, et pêchés. De plus Saint Clément ne se contente plus de le chasser, mais il noie carrément le monstre et ses petits.

Les versions évoluent un peu, mais le but recherché est probablement le même : on cherche à impressionner les Lorrains pour les pousser doucement vers le christianisme.

Le Graoulli messin n’est pas un cas unique et a peut-être été inventé de toutes pièces, pour exemple je citerai trois cas français avec un bref historique :

carte-differentes-histoires-eveques.jpg

Le dragon de Saint Marcel (date de naissance inconnue – 436) qu’il a terrassé à Paris.

saint-marcel-et-le-dragon-paris.jpgSaint Marcel de Paris et le dragon

Le dragon de Saint Vigor ou Vigorus (date de naissance inconnue –  537)  vient à bout du dragon de Bayeux dans le Calvados (Basse-Normandie).

sculpture-de-saint-vigor-sur-l-abbaye-de-saint-riquier-16-eme-siecle.jpgSculpture de Saint Vigor à l’abbaye de saint Riquier datant du XVI ème siècle

Le dragon de Saint Clément  (né au premier siècle si on en croit la légende) combat le Graoully de Metz (Moselle).

dscn1104-1-1.jpg

Sculpture de Saint Clément dans l’entrée principale de la cathédrale Saint Etienne de Metz

Que peut-on apprendre grâce à ces représentations venant de lieux éloignés les uns des autres ?

On peut s’apercevoir pour commencer que les histoires parlent toutes d’un dragon terrassé par un homme souvent inconnu qui terminera évêque puis saint après avoir terrassé un reptile terrorisant une ville.

En comparant la statue de Metz et celle de Colleville-Montgomery (Calvados) on s’aperçoit même qu’on a été jusqu’à imiter l’étole autour du cou du monstre.

Il ne peut s’agir d’une coïncidence, cela a donc été fait volontairement dans un but précis : Le but étant de lutter contre le paganisme et a certainement évangéliser la Lorraine (dans le cas du Graoully) et le reste du territoire (très souvent des villes semble-t-il). Cela a bien fonctionné car la religion s'est implantée.

On a pu démontrer à travers cette légende en des temps de disette et où la vie était dure, la force de Dieu et il n'en fallait pas moins pour gagner des fidèles.

Cette légende montre comment la religion chrétienne a tué le monstre païen vénéré par les populations gallo-romaines peuplant la Lorraine.

Il existe d'autres apparitions de dragons dans la Bible par exemple où Saint Georges terrasse le dragon, et le dragon de Babylone que Daniel tue (Peut-être le Sirrush surnommé le Dragon de Babylone).

On possède quelques représentations de ce qu'a pu être ce dragon, je vous en présente quelques une :

Voici l'une des plus célèbre Saint Clément conduit le Graoully suivi par ses petits sur les bords de la Seille sous le regard admiratif d'une foule. L'un d'entre aux joint ses mains ensemble comme pour prier, on sent l'engouement pour l'église qui a voulu être représenté sur cette œuvre.

saint-clement-conduit-le-graouilly-sur-les-bords-de-la-seille-1.jpgReprésentation de Saint Clément conduisant le dragon sur les bords de la Seille

Dans la crypte de la cathédrale de Metz. Ce dragon fait de bois et de tissus arbore une tête menaçante et une langue bifide comme les serpents. On pense que cette effigie du dragon messin a été fabriquée au XV ème siècle (Restaurée au XIX ème siècle) et qu'elle était portée par le maire de Woippy au bout d'un long bâton lors de cérémonies comme la Saint Marc et celle des Rogations. Les boulangers jetaient dans la gueule de l'affreuseté de bois des petits pains.

graoully-de-la-crypte-de-la-cathedrale-de-metz.jpgEffigie de la crypte de cathédrale Saint Etienne de Metz fabriquée au 15ème siècle et restaurée au XIX ème siècle

Vers le XI ème siècle, le maire et les justiciers de Woippy, village dépendant de la cathédrale de Metz, étaient tenus de porter, dans les processions de Saint Marc et des rogations trois bannières rouges dont l’une étaient surmontée d’une tête de dragon.

Un siècle après cette image fait place au « Groli », qui devait représenter le dragon vaincu par l’apôtre des messins, Saint Clément.

La bannière ou l’effigie du « Groli » devait être portée les deux premiers jours des rogations des Rogations devant les deux autres et le troisième jours, après elle…

« Du temps de Rabelais (1483 et 1495 - 1553) [raconte-t-on], le Groli était une effigie monstrueuse, ridicule et hideuse aux petits enfants ; ayant les yeux plus grands que le ventre, et la tête plus grosse que tout le reste du corps, avec amples, larges et horrifiques mâchoires bien endentelées, tant au-dessus comme en-dessous ; lesquelles, avec une petite corde cachée dans le bêton doré, on faisait terrifiquement cliqueter … »

Le « Graoulli de Metz »  d'Horace Castelli (1825-1889) est une toile de 1872 où l'on voit une foule s'attaquer au monstre, on peut s'apercevoir que Saint Clément n'est pas dessus et que les personnes qui figurent sur la toile ne portent pas de tenues du III ème siècle tenues du troisième siècle après J.C.

le-graoully-de-metz-par-horace-castelli-1872.jpgToile du « Graoulli de Metz » d’Horace Castelli peinte en 1872

En fait l’illustrateur a représenté une des rogations décrite précédemment qu’on célébrait en mémoire du dragon vaincu. On peut voir les commerçants jeter du pain dans la gueule de l’effigie qui  est fièrement portée par la foule.

graoully-de-la-crypte-de-la-cathedrale-de-metz-1.jpgEffigie de la crypte de cathédrale Saint Etienne de Metz fabriquée au 15ème siècle et restaurée au XIX ème siècle

Au 10 de la rue Chèvremont, on peut voir un relief sur la maison du serpent que l’on date du XIII ème, la bâtisse se nomme "La maison du serpent", en fait cette pierre a été restaurée et remise au deuxième étage de ce bâtiment qui a été reconstruit au XVIII ème siècle. Cette pierre est considérée comme la plus ancienne représentation du graoully.  La maison du serpent a été également le lieu où était logé le maire de Woippy qui se rendait à Metz pour des processions commémoratives et défilait avec l'effigie conservée à la crypte de la cathédrale messine.

relief-de-la-maison-du-serpent-de-la-rue-chevremont-a-metz.jpgRelief de la « maison du serpent » du 10 de la rue Chèvremont à Metz

Sur une des portes située à l’arrière vers l’ouest on peut voir au dessus d’une des portes l’évêque Saint Clément bénir un de ses nouveaux fidèles après avoir soumis le dragon malveillant. Cette partie d’histoire gravée dans la roche est un appel au baptême et à la pratique du christianisme.

p12807-1.jpgRelief se trouvant au dessus de la porte Ouest de la cathédrale Saint Etienne de Metz.

Le graoully est omniprésent sur la cathédrale Saint Etienne de Metz, on le trouve avec Saint Clément puis en dans les bas reliefs.

dscn1106-1-2.jpgBas reliefs de la cathédrale de Metz

Le sceau de l'église de Metz du XVI ème siècle montre Saint Clément tenant la créature avec son étole. L'inscription "Clemensprimus Metensis Epicopses" ce qui signifie "Clément première évêque de Metz". L'animal a un aspect de mouton certainement est-ce volontaire pour montrer que la bête est soumise.

sceau-de-l-abbaye-saint-clement.jpgSceau de Saint Clément datant du 16 ème siècle

Des sculptures se trouvent sur la gare elles datent du début du XX ème siècle. On raconte qu'une partie du toit de la gare aurait été fait à l'aide des écailles du dragon.

representations-du-graoully-de-la-gare-de-metz.jpgSculptures de la façade de la gare de Metz

Statuette où l'on voit Saint Clément qui tient le graoully par le cou à l'aide de son étole, l'objet date du XVI ème siècle.

Parlons brièvement de la rue Taison qui d'après la légende locale aurait pris ce nom suite au moment où Saint Clément descendant de Sainte Croix accompagné d'une foule l'avait empruntée pour aller affronter le monstre en disant : " Taisons-nous" pour ne pas réveiller le monstre endormi.

18052012014.jpgDragon de la rue Taison

En sculptant sur les façades des dragons (qui personnifient le mal) l’Eglise procurait la peur parmi la population qui rentrait dans la maison de Dieu afin de s’abriter du mal et prier : c’était en quelques sorte une manière de fidéliser ses ouailles.

Nous venons de voir ensemble les raisons pour lesquelles un ordre religieux pouvait utiliser le dragon pour parvenir à ses fins.

On a donc agi sur le mystique et la psychologie des gens mais cela peut-il suffire à procurer la peur d’un être mystique durant plusieurs millénaire.

N’a-t-on pas de preuves physiques de l’existence des dragons ?

La suite de cet article est disponible ici : " Les dragons à la lumière de la paléontologie "

Philippe Mind

Sources: A la recherche du dragon (documentaire), Wikipédia, Mysteries of planet Earth (Karl Shuker), Hominides.com, Sur la piste des bêtes ignorées, futura-sciences.com, Histoires et légendes, Cerbi (Site Internet), La légende du Graouilly par Roger Wadier (Almanach du lorrain 2012), Les derniers dragons d’Afrique (Heuvelmans), Ancient Aliens saison 4 épisode 10 (Aliens et Dinosaures), Geo novembre 1997 (225)

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